Pinguicula acuminata

Cette page est dédiée à Hans Luhrs qui a redécouvert cette espèce après 150 ans d'obscurité. Il a écrit un article très intéressant dans l’IPSG, Newsletter N°4 en février 1994 qu'il ne faut pas hésiter à lire. La plupart des informations de cette page proviennent de cet article.

Description plus détaillée : (Dans IPSG, Newsletter N°4, février 1994, par Hans Luhrs).

Plante pérenne . Feuilles dimorphes; feuilles "estivales" peu nombreuses 2 - 4 (5), à long pétiole, 34 - 120 (160) mm. de long, 16 - 83 mm. de large, limbe largement ové ou cordiforme, 22 - 92 mm. de long, cordé ou imbriqué à la base, apex pointu ou obtus, à marge entière enroulée et parfois ondulée, pétiole 12 - 57 (70-80) mm. de long, +/-5mm. de large, concave et pubescent sur la partie supérieure, les plantes poussent continuellement durant toute la saison végétative; feuilles "hivernales", présentes pendant la floraison, nombreuses 18 - 36, largement oblongues-ovées acuminées ou ovées-lancéolées acuminées, 6 - 19 mm. de long, 3 - 9 mm. de large, entièrement incurvées. Hampe florale 2 - 4 (7), érigée, glanduleuse pubescente dans sa partie supérieure, 74 - 150 (175) mm. de long. Fleurs 17 - 22 mm. de long (éperon inclus), 16 - 22 mm. de large; calice bilabié , velu glanduleux, 6.5 mm. long 5 mm. de large, lèvre supérieure divisée en trois lobes, oblongs-lancéolés, 2.6 - 3 mm. de long. 1.2 mm. de large, lèvre inférieure divisée en deux lobes, lancéolés, 3mm. de long, 1.5mm. de large; corolle bilabiée, à lobes presque égaux (subisoloba), blanchâtres, bleuâtre-rose pâle ou lilas, à poils blancs au centre, lèvre supérieure divisée en deux lobes, étroitement obovés à sub-aigus, +/- 6 mm. de long, 5 mm. de large, lèvre inférieure divisée en trois lobes, étroitement obovés à subaiguës, +/- 7 mm. de long., 5 mm. de large, lobe central un peu plus large; gorge subcylindrique à trois lignes et poilues à l’intérieur, 6 - 7 mm. de long, +/- 4 mm. de large, glanduleuse, fortement coudée (95° - 105°) +/- au milieu ; éperon cylindrique, 4 - 5 mm. de long, +/- 1.5 mm. de large, glanduleux, droit ou légèrement incurvé, à extrémité émoussée; stigmate violet pâle.

S’il y a une Pinguicula dont l’histoire est étrange, c’est bien Pinguicula acuminata : Elle fut décrite par Bentham en 1839 en se basant sur une rosette hivernale. En 1961, Ernst étudia le spécimen en herbier. Puis en 1966, Casper reprit la description de Ernst pour sa monographie, les spécimens d’herbier ayant été perdus depuis.

En 1989, un botaniste talentueux, Hans Luhrs, part pour le Mexique dans le but d’étudier les Pinguicula dans leur environnement. Alors qu’il cherchait Pinguicula macrophylla sur les pentes méridionales de El Chico, près de Real del Monte, il trouva une hampe florale sans feuilles. C’était une espèce de Pinguicula dont les feuilles étaient enterrées quelques centimètres sous la surface du sol. D’après la description originale de Bentham, il en conclut qu’il avait trouvé Pinguicula acuminata et non Pinguicula macrophylla, redécouvert après 150 ans de disparition.

L’histoire n’est pas terminée : si vous vous rappelez bien, Hans Luhrs recherchait Pinguicula macrophylla dont la rosette est très proche de celle de Pinguicula acuminata. Il n’a jamais réussi à trouver cette espèce à El Chico et pour cause :

En 1988 , un autre botaniste talentueux et bien connu, S. Zamudio, douta aussi de la présence de Pinguicula macrophylla à El Chico et après examen des spécimens d’herbier, il en conclut que tous les spécimens d’herbier étaient en fait soit Pinguicula acuminata soit Pinguicula crassifolia. Belle histoire n’est-ce pas ?

Nous ne remercierons jamais assez Hans Luhrs de nous avoir permis de redécouvrir cette merveilleuse espèce et de nous avoir donné l’opportunité de la cultiver.

Au Mexique, état d’Hidalgo, ville de El Chico et ses environs. Hans Luhrs a trouvé 8 nouvelles stations dont la localité du type.

(Hémisphère Nord, France près de Paris, dans une serre en polycarbonate – voir la carte -)

Cycle biologique : Le cycle biologique reproduit en culture pour cette Pinguicula consiste en deux saisons, une humide et l’autre sèche (voir lien). Les plantes forment différentes rosettes de feuilles suivant la saison. Pendant les mois de repos végétatif (hiver) la petite rosette succulente est composée de nombreuses petites feuilles poilues et non carnivores. Les feuilles carnivores sont produites au printemps et durant tout l’été. Le cycle biologique de cette plante est probablement le même en culture que dans la nature.

Substrat : J’utilise un substrat 100% minéral : 2 perlite, 2 vermiculite, 1 sable fin (pour aquarium), 1 sable fin blanc, 1 pouzzolane (lave volcanique), 1 aqualit (céramique expansée pour aquarium). L’aqualit peut être remplacée par 1 pouzzolane. Dans ce substrat, les plantes poussent moins vite mais ont un système racinaire plus résistant.

Culture : Je pense qu’une légère aération de la serre est importante pour éviter la stagnation de l’air. Pour cette raison, j’utilise un ventilateur toute l’année 24h/24h.

L’arrosage est très important : de mai à septembre (été) je laisse le substrat sécher légèrement entre deux arrosages. J’utilise de l’eau de pluie en arrosant par le dessus du pot en prenant soin de ne pas mouiller la rosette. D’octobre à avril, il est important de laisser le substrat s’assécher complètement (pas d’arrosage) mais une humidité de l’air proche de 80%.

Les mois indiqués sont indicatifs mais peuvent changer suivant vos propres conditions de culture. En fait quand cette Pinguicula commence a produire ses feuilles non-carnivores, vous devez arrêter l’arrosage et laisser le pot sécher complètement. A l’inverse, quand au début du printemps la plante commence a produire des feuilles carnivores, vous devez progressivement reprendre l’arrosage.

Températures : pendant la période de croissance, les températures de la journée sont aux alentours de 25°C mais peuvent atteindre 35°C quand le soleil donne en plein sur la serre malgré les couvertures d’ombrage. La nuit, les températures sont aux alentours de 20°C. Pendant la période de repos : jour comme nuit au dessus de 0°C. La température la plus basse subie est de - 4°C. J’utilise un poêle à pétrole électronique pour produire de la chaleur.

Multiplication : Je n’ai jamais réussi à polleniser cette espèce. Peut être faut-il utiliser deux clones différents. Je ne connais donc pas l'aspect des graines. Les plantes peuvent être facilement multipliées en utilisant les feuilles non carnivores séparées de la rosette à la fin de l’hiver. Vous devez seulement faire attention de bien prendre la base blanche de la feuille car les pousses partiront de cette zone. N’essayez pas avec les feuilles estivales, c’est plus difficile voire impossible.